Centre et périphérie : le couple centre-périphérie s'utilise en géographie depuis les années 1980, dans le cadre de l'analyse systémique. Ce binôme apparaissait alors pertinent pour analyser la hiérarchisation des territoires à différentes échelles (mondiale, nationale, locale) et pour étudier les relations entre les territoires. Parfois critiqué, le modèle centre-périphérie reste intéressant pour analyser les inégalités d'intégration à la mondialisation, cette dernière étant un processus sélectif.
Les « centres » représentent les territoires les mieux intégrés aux échanges internationaux et les plus attractifs : aires de puissance à l'échelle mondiale, littoraux à l'échelle nationale, quartiers d'affaires ou technopôles à l'échelle locale. Les centres sont des lieux de concentration (population, richesse, production) et de commandement.
En revanche, les périphéries ne peuvent pas être vues (à quelques exceptions près) comme des territoires exclus de la mondialisation. Ce sont certes des territoires marginalisés et souvent dominés, mais ils participent à des échanges stratégiques, notamment de matières premières. Dans un contexte d'émergence de nouveaux pôles de puissance, il est par ailleurs intéressant de questionner l'utilisation du pluriel. Le binôme « centres-périphéries » souligne la diversité des situations et la complexité des relations entre les territoires, qui ne se résument pas à des rapports dominants-dominés.
Émergence : le terme d'émergence, issu du vocabulaire financier (banques, agences de notation), est d'abord apparu dans le champ géo-économique pour désigner le processus d'intégration rapide d'un État dans les circuits de la mondialisation. Il a progressivement permis aux géographes de souligner la diversité croissante des territoires dans un monde devenu multipolaire. En effet, cette notion a contribué à dépasser la traditionnelle opposition Nord-Sud et à montrer l'importance croissante de certains pays du Sud dans les échanges internationaux. La notion d'émergence s'est ensuite élargie au champ de la géopolitique : les pays émergents se caractérisent effectivement par une volonté croissante de peser dans la coopération internationale et dans les processus d'intégration régionale, à l'instar de la Chine ou du Brésil. Cependant, le mot peut être questionné : en supplantant la notion de développement, l'émergence tend à mettre en lumière les dimensions économiques, financières et géopolitiques de la mondialisation au détriment de ses conséquences sociales et environnementales. Par ailleurs, l'émergence désigne un processus, mais aucun critère n'a été défini pour caractériser son achèvement. Quand parle-ton de pays émergé, ou même de pays développé ? Ce peut être source de débats et cela confirme la difficulté à établir une typologie des États dans un monde complexe. L'association fréquente du concept d'émergence aux BRICS peut aussi être questionnée, bien qu'elle constitue une porte d'entrée utile pour identifier quelques exemples célèbres de pays émergents ou « ré-émergents ».
Coopération internationale et gouvernance : depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l'ONU, la coopération interétatique est devenue une dimension majeure des relations internationales. Les organisations internationales nées dans la seconde moitié du XXᵉ siècle ont cherché à développer des formes de coopération (économique, militaire, culturelle). Une attention particulière doit être portée aux organisations internationales ayant pour but de réguler la mondialisation, c'est-à-dire de définir des règles pour le commerce et les investissements tout en minimisant les crises et les inégalités. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, nés en 1945 suite aux accords de Bretton-Woods, et l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), née en 1995, en sont les exemples les plus emblématiques. Ils regroupent la majorité des États du monde. Parallèlement, la naissance d'organisations régionales intensifie la coopération dans des aires géographiques plus réduites. Les institutions internationales ou régionales cherchent à développer des partenariats entre elles, mais aussi avec des acteurs locaux, publics et privés : c'est dans ce contexte que la notion de gouvernance (venue de l'anglais governance) est de plus en plus utilisée en géographie. En effet, le concept possède une dimension territoriale (en désignant les modalités d'administration d'un territoire) et multiscalaire (en soulignant l'interaction d'acteurs diversifiés du local à l'international). Il s'agit donc d'identifier les principaux acteurs de la gouvernance mondiale mais aussi de comprendre pourquoi ils peuvent être remis en question.
Rayonnement / Attractivité / Influence : comme le souligne Vincent Capdepuy dans son article de mai 2024 sur Géoconfluences, « le rayonnement d’un territoire désigne le fait de bénéficier d’une image positive à l’extérieur. [...] Transposée en termes spatiaux, cela correspond à une logique centrifuge (vers l’extérieur), tandis que l’attractivité est centripète (tournée vers le centre). [...] Le rayonnement pourrait légitimer ou résulter de l’influence, qui est une action en théorie plus efficiente, car censée être capable de modifier les choix d’autres acteurs spatiaux ». Autrement dit, même si l'idée de rayonnement est intéressante, elle ne peut pas toujours se substituer à celle d'influence, plus concrète et simple à mesurer. Il s'agit par exemple de s'interroger sur les différentes facettes de la puissance française, mais aussi sur leurs limites, là où la seule notion de rayonnement aurait tendance à se focaliser sur le soft power français, c'est-à-dire la capacité de séduction et de diffusion de son modèle par des moyens non coercitifs.
Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.frTélécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/geographie-terminale ou directement le fichier ZIPSous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0 